Friday, August 28, 2020

Traction-brabant 71

Ah les joies du mailing ! On avance, non pas sur un jeu d'échecs, mais dans la globosphère, planétaires et minuscules à la fois. Imperturbables aussi. Imaginez la scène, tout d'abord.
Assis chacun devant notre boite à rêves, nous envoyons par Internet à des groupes de personnes ces messages électroniques qui nous dépassent dans l'espace.
Bien sûr, nous sommes d'autant plus satisfaits d'appartenir à des fans club de tout plein de poètes recommandables, que nous générons également notre propre fan club.
A cet égard, j'ose prétendre qu'une véritable amitié est née entre quelques-uns d'entre nous. Jugez-en plutôt. Mon pote Hugues de La Branque vient de m'écrire :
« Bonjour à tous
J'ai le plaisir de vous annoncer la parution de mon dernier recueil de poésie « Fouette coucher », aux éditions de la Mite Ultime. Je vous attends au box 12 X de l'allée T du salon des oies vertes le 11 décembre 2016 pour la dédicace de cet ouvrage, qui est vendu au prix de 15 € (dédicace comprise) ».
C'est très sympa comme message. Je vous l'ai dit. Nous sommes des intimes l'un pour l'autre.
Mais ce n'est pas tout.
Dans un élan d'affection, ne doutant pas un seul instant que ma poésie soit moins vitale que toute autre, je rétorque :
« Chers confrères
Je vous annonce la publication de mon dernier recueil de poèmes : « Légère imbécillité », aux Éditions de la Ramée. Le prix de vente est de 20 €, port compris. Paiement autorisé par chèque. Dépêchez-vous de commander ce livre avant le 29 février 2020, car il n'en reste plus que quelques exemplaires ».
Et toc ! Je viens d'abattre mon as de pique. J'ai sorti ma botte de Nevers. Comme dans un western de Sergio Leone, personne ne cille au cours de ce face à face. Hugues de La Branque peut toujours m'écrire deux fois encore cette année. Dans mon flingue poétique, j'ai trois recueils en cours d'édition. Me voilà donc tout sourire face à la soi-disant carrière poétique d'Hugues qui ne m'impressionne guère.
Nous achèterons-nous nos textes ? Vous rigolez : pas le moins du monde ! C'est pour le cinoche qu'on s'écrit. Au mieux, quand l'un de nous sera mort, l'autre se dira : merde, je ne reçois plus ses sympathiques messages. C'est que nous sommes de vrais écrivains, nous. On s'écrit entre les lignes et on s'aime entre les mots.   
P.M.

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