Ah les pseudos ! Pour les plus fidèles
lecteurs de Traction-brabant, il en était déjà question dans l'édito du numéro
44, en décembre 2011.
Depuis cette date, j'en vois
de plus en plus fleurir parmi les auteurs, ce qui m'a amené à revoir en partie
mon jugement sur cette pratique.
En effet, avec le recours massif
à Internet et tout particulièrement aux réseaux sociaux, type Facebook,
l'utilisation d'un pseudo, quand on fait circuler ses textes, me paraît
davantage justifiée qu'autrefois.
Ainsi, la poésie, comme tout
ce qui traîne sur la toile, peut faire partie des informations utilisées contre
soi dans la sphère professionnelle.
Belle aubaine pour les
employeurs (ou les collègues, les élèves), afin d'essayer de mettre sur la
touche un peu plus de personnes, « à la tête du client ».
Peut-être suis-je paranoïaque,
mais la validité ou l'invalidité du prétexte n'est pas en cause, seulement son
existence trop facile à exploiter.
Bien sûr, je déplore cette
situation et comprends ce besoin de se protéger pour survivre dans la jungle de
l'hypocrisie, qui trouve là un nouveau terrain de jeu...
Par contre, ma position ne
varie pas d'un iota quant à l'émergence de pseudos seulement justifiés par des
caprices d'artiste, hors de toute contrainte.
Attention, il n'est pas
question ici de ceux qui s’intègrent dans la réalisation d'une œuvre
collective, à dominante potache. L'exemple classique est celui de l'Album
Zutique, auquel a notamment participé Albert Mérat (Arthur Rimbaud).
Non, ces pseudos-là sont
marrants, puisqu’ils relativisent le sérieux de la démarche.
Au contraire, lorsque les
pseudos d'agrément sont mis au service d'une œuvre personnelle, j'y vois là une
façon d'augmenter le nombre de ses égos, alors qu'il me semblerait plus
souhaitable pour la représentation de la poésie, de les éliminer jusqu'au
dernier. C'est une façon pratique de séparer toute pratique artistique de sa
vie réelle et ordinaire. Attitude peu humble (je suis certain d'être (re)connu
sous mon patronyme, la charrue étant mise avant les bœufs !) et en même
temps, frileuse, qui me déplaît. J'ose croire qu'une partie de notre
marginalité vient du fait que l'on ne cherche pas à assumer sa poésie,
notamment envers ses proches, même quand cela serait possible.
Bientôt, ne s'inventera-t-on
pas des pseudos différents pour se brosser les dents et faire les commissions ?
Tout autant d'identités qui
servent de cache-misère à notre réalité, à nous voiler la face plutôt qu'à
essayer de vivre en toute simplicité, avec une seule identité, non dissimulée
de poète et de pas poète à la fois...Vous me trouverez bien dur, sans doute...
Tant pis...
P.M.
P.M.
3 comments:
Il y a des années, un ami a parlé de moi à un éditeur (et avec un bon catalogue en plus) qu'il connaissait : entre autres conseils bidon comme "Un texte n'est bon que s'il est facilement traduisible dans une langue étrangère", il y avait cet autre qui me fait encore rire chaque fois que j'y pense : "Stéphane Bernard ? Je conseillerai vivement à votre ami de changer de pseudo, il ne se fera jamais connaître avec celui-là." Il y a environ 500 Stéphane Bernard dans les Pages blanches... Vous imaginez si j'avais vraiment choisi moi-même ce nom-là... Comme je l'ai noté quelque part, ce nom qui est mon véritable nom est un masque sans imagination parfait. Et ça me va.
Bon week-end à vous, Patrice. Je vous lis régulièrement ici ou là.
Pessoa ?
...article obtus...réponse brillante Stéphane... (chuis pas surpris)...
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