Le gars qui était là, l’éditeur de bouquins, il me dit : on voit que vous n’aimez pas l’écriture.
- J’aime pas l’écriture ? Je m’intéresse aux bouquins parce que ça en jette et j’ai justement dans ma banane un recueil de poèmes intitulé « Les perles de l’angoisse ». C’est un truc avec lequel je sors à Paris. J’ai un certain succès parce que tout le monde se barre quand j’arrive avec mes poèmes. Poèmes à volonté et je dis : Ecoutez : je suis un maniaque des bouquins et moi j’aime l’écriture. Il me regarde – vous aimez l’écriture ?
On m’avait proposé de me mettre à la compta. J’ai dit pas question. J’ai dit : Ecoutez, soyons bref, soyons clair. Expliquez moi l’écriture. C’est comme le reste, c’est pour gagner du fric, c’est clair. Merde ! j’dis quoi, enfin merde ! l’écriture c’est pour s’en mettre plein les poches, ça sert à gagner du fric pour en foutre plein la vue. J’dis écoutez, moi ça m’intéresse.
Parce que moi je veux devenir un écrivain professionnel. Je veux péter plus haut que mon cul. J’aime péter plus haut que mon cul d’ailleurs et je veux que vous m’appreniez à écrire. Quand j’en regarde un, il doit sortir son carnet de chèque et raquer mon bouquin à 50 Euros pièce, que je le dédicace à Bidule ou à machin chose.
Et vous pouvez me faire écrire n’importe quoi, n’importe quoi, n’importe quel bouquin mais un bouquin qui brille, que ça soit le plus cher de la collection, avec du papier glacé qui foute la chair de poule et une reliure en croco qui réchauffe l’épiderme, un bouquin comme ça s’il vous plait, parce que si j’ai pas d’honneurs, je fais une tentative de suicide. Je ne supporte déjà pas l’autorité.
Moi je veux être l’écrivain, le premier écrivain, le meilleur écrivain et je veux toujours en foutre plein la vue aux vieux gros à barbes comme aux blondinettes de la F(n)ac. Donnez moi n’importe quel sujet, j’écris tout. Mais donnez moi un moyen. Apprenez moi à écrire un bouquin s’il vous plait. Le type il était juste là… Oui écoutez… bon bon bon…
Je suis resté 1000 ans à l’ANPE, chez les chômeurs, parce qu’apparemment l’écriture c’est pas fait pour en foutre plein la vue, c’est pour rien vendre et tout mettre au pilon, perdre son temps, pour faire le dugland au salon du livre et alors euh… ils ont déclaré et j’ai dû signer un contrat comme quoi – ils m’ont fait ça à moi – même avant de les écrire, je devais acheter tous mes bouquins, parce que là on a une chance de liquider tous les stocks de pensée restante. Et je n’ai pas le droit de revendiquer des droits d’auteur pour écrire encore plus de bouquins.
Eh bien moi je trouve ça dégueulasse parce que s’il y en a un qui veut écrire un bouquin, que ce soit Blanche messe et les sept fins, le gendarme et le violeur, la fabuleuse histoire de la mère Denis, la danse des connards, c’est moi, eh bien, si après je vois un humain qui me rend visite, je le transforme en consommateur de mes déjections mentales.
P.M. (Le Saigneur des Lettres)
- J’aime pas l’écriture ? Je m’intéresse aux bouquins parce que ça en jette et j’ai justement dans ma banane un recueil de poèmes intitulé « Les perles de l’angoisse ». C’est un truc avec lequel je sors à Paris. J’ai un certain succès parce que tout le monde se barre quand j’arrive avec mes poèmes. Poèmes à volonté et je dis : Ecoutez : je suis un maniaque des bouquins et moi j’aime l’écriture. Il me regarde – vous aimez l’écriture ?
On m’avait proposé de me mettre à la compta. J’ai dit pas question. J’ai dit : Ecoutez, soyons bref, soyons clair. Expliquez moi l’écriture. C’est comme le reste, c’est pour gagner du fric, c’est clair. Merde ! j’dis quoi, enfin merde ! l’écriture c’est pour s’en mettre plein les poches, ça sert à gagner du fric pour en foutre plein la vue. J’dis écoutez, moi ça m’intéresse.
Parce que moi je veux devenir un écrivain professionnel. Je veux péter plus haut que mon cul. J’aime péter plus haut que mon cul d’ailleurs et je veux que vous m’appreniez à écrire. Quand j’en regarde un, il doit sortir son carnet de chèque et raquer mon bouquin à 50 Euros pièce, que je le dédicace à Bidule ou à machin chose.
Et vous pouvez me faire écrire n’importe quoi, n’importe quoi, n’importe quel bouquin mais un bouquin qui brille, que ça soit le plus cher de la collection, avec du papier glacé qui foute la chair de poule et une reliure en croco qui réchauffe l’épiderme, un bouquin comme ça s’il vous plait, parce que si j’ai pas d’honneurs, je fais une tentative de suicide. Je ne supporte déjà pas l’autorité.
Moi je veux être l’écrivain, le premier écrivain, le meilleur écrivain et je veux toujours en foutre plein la vue aux vieux gros à barbes comme aux blondinettes de la F(n)ac. Donnez moi n’importe quel sujet, j’écris tout. Mais donnez moi un moyen. Apprenez moi à écrire un bouquin s’il vous plait. Le type il était juste là… Oui écoutez… bon bon bon…
Je suis resté 1000 ans à l’ANPE, chez les chômeurs, parce qu’apparemment l’écriture c’est pas fait pour en foutre plein la vue, c’est pour rien vendre et tout mettre au pilon, perdre son temps, pour faire le dugland au salon du livre et alors euh… ils ont déclaré et j’ai dû signer un contrat comme quoi – ils m’ont fait ça à moi – même avant de les écrire, je devais acheter tous mes bouquins, parce que là on a une chance de liquider tous les stocks de pensée restante. Et je n’ai pas le droit de revendiquer des droits d’auteur pour écrire encore plus de bouquins.
Eh bien moi je trouve ça dégueulasse parce que s’il y en a un qui veut écrire un bouquin, que ce soit Blanche messe et les sept fins, le gendarme et le violeur, la fabuleuse histoire de la mère Denis, la danse des connards, c’est moi, eh bien, si après je vois un humain qui me rend visite, je le transforme en consommateur de mes déjections mentales.
P.M. (Le Saigneur des Lettres)
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