Wednesday, March 21, 2007

Traction-brabant 28

Heureux les simples d’esprit. Heureux… Alors là, si vous croyez que je vais continuer à vous parler comme ça pendant longtemps, vous vous fourrez le doigt dans l’œil.
Non, pour cette nouvelle année qui débute, je nous souhaite à tous, parce que sinon ça ne sert à rien, une petite dose de malheur bien sentie. Ça y est, le Malta, il est devenu fou ! Allez savoir ! Ça me peine de vous l’annoncer aussi brutalement. C’est que la lutte est terrible, l’ambition énorme et l’enjeu inhumain. Il consiste à rapatrier un peu de lucidité à l’intérieur de nos cervelles.
C’est important aussi pour l’écriture qui n’est qu’une activité humaine parmi tant d’autres. Mais pourquoi cela ?
Un exemple au hasard. Quand j’ai enfin réussi à obtenir ma première paye, j’avais connu auparavant deux années de chômage involontaires et que je n’ai pas oubliées. A mon arrivée à Paris, je dus côtoyer des jeunes diplômés qui avaient eu la chance de ne pas avoir connu le rmi, l’inutilité contrainte forcée.
Eh bien je ne vous étonnerai guère en affirmant qu’ils étaient souvent du genre péteux. Vous voyez ce que je veux dire…
Si je n’avais pas subi ce bon coup de trique sur le museau, j’aurais ramené mon manque de science comme les autres et ne me serais pas méfié de quelques arnaques à la mode.
Alors évidemment, plus on est con, plus le handicap doit être fort.
Bien sûr, il ne faut pas aller au devant, il faut également pouvoir s’en sortir, afin d’espérer jouir ensuite d’une relative lucidité. Il faut enfin qu’il s’agisse vraiment d’un problème. Pour paraphraser Melville, qui n’a pas connu l’échec ne sait pas ce qu’est la grandeur de l’homme. Bon, la grandeur de l’homme, je ne sais pas trop ce que c’est aujourd’hui. Mais l’idée y est.
A partir de là, qui dit lucidité bien dosée dit meilleure aptitude à résister à l’oppression, d’autant plus redoutable qu’elle est sourde.
De toute façon, pour ce qui est du malheur, nos dits supérieurs s’emploient à nous le faire connaître chaque jour sans partage. Au train où vont les choses, d’ailleurs, nous avons l’espoir de vite gagner quelques étoiles à l’exercice du désespoir.
Vous me direz qu’est-ce que j’en ai à foutre, moi, de toutes ces histoires ? J’écris et basta. C’est bien ce que je disais. Il vous faut donc une dosette d’échec pour vous faire sortir de ce monde d’oubli virtuel, juste une sortie de ligne droite sur cinquante mètres avant de reprendre la tangente.
Ce sera tout pour cette année, en guise de veilleurs mieux.

P.M.

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