Saturday, August 24, 2013

Traction-brabant 23

Il en est des jardins comme des hommes.
Dans les premiers, que le soleil éclaire et assomme, pousse tout un assortiment de fleurs parfumées : roses, lilas, muguets, chèvrefeuille, iris…
D’intimes allées partagent leurs losanges, eux-mêmes entrecoupés de moult parcelles au gazon trop vert.
Sous les pas des promeneurs se love une multitude de graviers semblables à ces escargots de pierre qui ne laissent jamais de bave sous les semelles. Même les insectes multicolores butinant aux pistils portent sur eux des reflets inconnus. Ils ne piquent pas, bien entendu.
Et dans cette étendue plate qui dure l’éternité du paradis, une musique semble s’envoler de nulle part sans faire de bruit.
Dans les autres jardins, en pente ceux-là, le chantier est permanent. La terre, de bonne qualité, grouille de gros vers. Il n’arrête pas de pleuvoir sur la parcelle au milieu de laquelle un ruisseau coule. Une allée dégoulinante de boue se fraye un passage sur les bords de la colline chauve. Il n’y a que des légumes, beaucoup de légumes, dont la moitié environ n’a pu être ramassée à temps, tellement la récolte était abondante. Ainsi, ils pourrissent à même le sol. Inutile de s’y aventurer, sinon vous serez englués dans un tapis de fanes mortes, comme des algues qui s’échouent très loin de la mer.
Des relents de pourriture stagnent que ne jalouseront pas les autres narines. Une pioche est plantée au milieu de nulle part. Une brouette pourrit sous un abri en tôle rouillée qui fuit, déjà aux trois quarts éventré.
L’année prochaine, il y aura encore abondance de pommes de terre, de poireaux, de salade, du cresson tapi autour du ru qui dévale la pente.
Lequel de ces deux jardins préférez-vous ? Moi, ça va sans dire, c’est le deuxième que j’aime, l’honnête…
Et vous ?

P.M.

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