Pour faire face à l'exigence de la vitesse imposée par les nouvelles technologies qui ne sont que celles du porte-monnaie percé à remplir, bon nombre d'auteurs ont trouvé un truc qui les arrange, en se situant à l'opposé de la vitesse, c'est à dire bien assis dans leur lenteur, comme des homais (aux pattes coupées).
Il y a pas mal de comédies qui sont jouées à ce sujet : forcément, ça en jette toujours d'être le seul à ne pas courir au milieu de ces gens pressés comme des citrons. Pourtant, je soupçonne nombre de poètes lents de tromperie sur la marchandise.
Primo, à voir le rythme auquel leurs publications se succèdent, leur lenteur revendiquée ne me semble être que de pure façade.
Sitôt hors de la vue de leurs concurrent(e)s, les (h)auteurs piquent un sprint jusqu'à leurs manuscrits en souffrance et se grouillent d'harceler les éditeurs. Comme glanduche, y a mieux, n'est-ce pas ?
Secundo, le prétexte de la lenteur peut être celui d'un meilleur résultat à atteindre, oui, je sais, le terme n'est pas joli joli. Car, voyez-vous, les productions répétitives des professionnels de l'écriture sont souvent qualifiées de nourriture fast food par les amateurs alors que ces derniers ne font pas mieux, sauf qu'ils n'en vivent pas, même quand il s'agit de poésie dégagée.
Ainsi, l'important pour tous, professionnels ou amateurs, c'est toujours la carrière, ou, en termes plus diplomatiques, la visibilité d'une pensée.
Bien sûr, demeure l'excuse de l'inspiration. Hélas, comme vous le savez, cette dernière n'est qu'une variante de l'entraînement régulier. Et si la lenteur revendiquée n'était qu'un prétexte pour cacher qu'on est devenus has been ?
Décidément, la meilleure façon de s'opposer à la vitesse ne me semble pas de ralentir le rythme, mais plutôt d'accélérer encore, avec toutefois des objectifs différents.
Et là, j'enfonce des portes ouvertes en affirmant qu'il vaut mieux essayer de coller aux modes utiles (pas uniquement Internet), afin d'en profiter pour diffuser d'autres points de vue. En effet, nous y tendons déjà. Mais pitié, ne me faites pas le coup de la lenteur ! C'est trop facile et bien un peu faux derche. D'ailleurs, je n'y crois guère (croix de guerre), car quand le danger devient immédiat, la lenteur est de mauvais conseil. Ou alors, peut-être que dans un monde idéal, une fois morts !
P.M.
1 comment:
Salut Patrice,
Je viens de recevoir le numéro 39, pas encore tout lu, je rentre seulement du boulot, j'avais également reçu la précédente livraison, qui, donc, a bien été livrée. Pour répondre à ta question, ça va pas mal, j'ai réussi à gagner davantage le mois dernier qu'à dépenser, un exploit dont je ne suis pas peu fier. Pour faire écho à ton texte sur la lenteur présumée des uns ou des autres, en ce qui me concerne je peux parfaitement la justifier (l'excuser serait un bien grand mot) par deux facteurs astreignants : la flemme et un alcoolisme chronique à la chronicité vraiment très rapide. On le voit, deux horizons indépassables. Il est vrai par ailleurs, si l'on puise chez les Grands Toteurs, que quelqu'un comme Stevenson a pu faire l'apologie de l'oisiveté, pour autant il n'était pas le dernier à couvrir des kilomètres de papier de ces petits signes bizarres que l'on nomme des lettres, forment des mots que je ne comprends pas toujours et ceux-ci des phrases qui parfois m'éreintent. À propos de ce que tu écris sur la rapidité (balancé par les incipits finissants, si je ne me trompe), une nuance serait sans doute du même ordre que mon commentaire à un collègue parlant de telle autre collègue qui "au moins dit ce qu'elle pense" sur l'opportunité de, tout de même, réfléchir quelques minutes avant de parler, puisque ce que l'on pense, eh bien, ce sont quelquefois des grosses conneries. Merci à toi pour la revue, j'avais songé à m'y abonner, mais, là encore, je peux parfaitement justifier de ne pas l'avoir fait : j'ai complètement oublié.
Et d'abord si le titre de la revue est une contraction de la traction avant et du brabant double, pourquoi ne pas l'avoir simplement appelée "Avant-double" ? Quand même beaucoup plus sexy.
Salut à toi, bises à tout le monde,
Jan Bardeau
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