Monday, November 14, 2005

Traction-brabant 52

Quels devraient être pour vous les rapports entre un auteur et une revue de poésie ?
Je me rends seulement compte maintenant de l’importance de cette question, y compris pour un revuiste poézineur. Dans les faits, elle se pose après des années de pratique, alors que pourtant, elle devrait sans doute l’être avant d’entreprendre toute démarche avec le monde extérieur.
En fait, il y a deux positions possibles. La première et la plus logique, c’est celle dans laquelle, par affinité, l’auteur démarche la revue pour savoir si celle-ci accepte de publier ses poèmes ce qui, en cas de réponse positive du revuiste, peut constituer d’ailleurs un commencement de preuve de son statut d’auteur.
Cependant, si l’auteur a déjà été beaucoup publié, ce dernier va avoir tendance à se mettre à consentir à être démarché par le revuiste, afin d’être publié. Ainsi, semblables auteur et revuiste pensent que la seule vue de noms d’(h)auteur est comme l’agneau qui rachète les pêchés du monde. J’emploie à dessein cette comparaison religieuse pour bien casser les athées, nombreux dans nos rangs.
Car, bien sûr, et cela ne vous étonnera pas, je trouve cette manière de voir entre auteurs et revuistes plutôt… compassée et en tout cas peu marrante, étant rappelé qu’elle ne concerne, en général, pas des professionnels, puisqu’il s’agit ici de poésie, réalité et non principe.
En effet, le fait d’être démarché n’a que des avantages pour l’(h)auteur, car elle le/la dispense de s’intéresser a priori à ce que font les autres, tout en lui permettant d’afficher son seul nom qui n’a pourtant que valeur de symbole.
De même, le revuiste s’enterre en reconnaissant que sa publication ne peut s’adresser qu’à des collaborateurs obligés, alors qu’il devrait démarcher les auteurs dans la seule hypothèse où un projet d’écriture précis est en jeu. Donc, les seuls individus peu fréquentables pour Traction-brabant (et sans aucun doute pour plein d'autres publications poétiques !) sont donc bel et bien ceux qui se prennent pour les professionnels, y compris lorsqu'ils le sont, grâce, par exemple, à leur dextérité d'écriture. Simple rappel de ma part !
Vous me direz, dans les rapports entre auteurs et revuistes, il serait souhaitable que chacun oublie sa fonction, gommant ainsi tout rapport de forces, mais plus l’expérience s’accroît chez l’auteur comme chez le revuiste, moins cette évidence paraît évidente, à mon grand regret… d’auteur, qui se console avec peine de cette réalité lui semblant stérile! 
P.M.

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