Étant un bon élève, j'ai
appris qu'il vaut mieux être édité à compte d'éditeur plutôt qu'à compte
d'auteur, voire, même, que de pratiquer l'auto-édition.
En
effet, je ne suis pas sans savoir que dans une fausse édition, tous les frais
sont pour ma pomme, y compris le salaire de l'éditeur. Alors que dans une vraie
édition, je touche des droits d'auteur. Non ! J'rigole !
Étant
bien élevé, je me disais donc, qu'à travers la publication d'une revue et de
livres de poésie, je pouvais mettre en avant les textes d'autres personnes
avant les miens.
Ainsi,
je jonglais entre les identités d'auteur et d'éditeur, planquant l'auteur
derrière l'éditeur.
C'était
jusqu'au jour où, désirant participer à un salon du livre, il me fut répondu
qu'il fallait que je sois Dieu l'auteur, et, en aucun cas, la petite main de
l'éditeur. Ce qui ne me posait pas de problème, puisque, par chance, j'étais
également édité par d'autres personnes.
Mais
non, ce n'était pas la bonne méthode. Tout cela était trop compliqué. Je devais
être auteur à n'importe quel prix. Même en auto-édition, même à compte
d'auteur. La condition essentielle était que je sois du coin, car cela me
permettrait de ne pas être absent, et surtout, de me déplacer sans frais, ou
presque.
J'entends
encore l’organisateur me dire : si vous vendez vos propres livres, c'est
tout bénéf. Tandis que si vous êtes éditeur, vous allez vendre des textes de
personnes qui ne sont pas là. Si ça se trouve, ces gens-là n'existent pas.
Carrément nul ! Sinon, trouvez-moi un auteur à éditer qui vive dans un
rayon de cinquante kilomètres.
- Tout
de même, les textes de celles et ceux que j'édite ont un contenu. C'est pas
n'importe quoi, enfin, je pense.
- Mais
non, voyons, c'est votre gueule ou celle de votre auteur qui compte. Même pas
connue, elle est mise à prix dans un salon. Vous êtes des singes dans leur cage
qui valez de l'or. Encore que, dans votre cas, vos gueules sont juste cotées
cinquante Euros par jour. Ce qui est toujours mieux que rien.
Depuis,
étant passé de la déférence à l'expérience, j'ai fait éditer par un pote d'ici
mes mémoires d'orang-outang, avant de pouvoir participer au festival des
Rillettes de Lascaux. Et l'année prochaine, on inversera les rôles et les
chaises, histoire de prouver que nos visages se vendent mieux que nos livres.
P.M.
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