Il n’est
plus de mondes qui ne soient pas connus de nous, les humains. Les bienfaits de
l’apparence ont disparu derrière la vitrine des commerçants. Et tout ça tache
l’âme de partout. On ne voit pas ce qu’il y a derrière, hormis la pauvreté. La
banquise a fondu comme les mystères. L’homme est assez avide pour avoir su
accrocher ses piolets aux autres coins de la terre, abimant le climat et
faisant disparaître la diversité des espèces.
Du coup,
je me demande à quoi ça peut servir de partir à l’autre bout de la terre, alors
que nous disposons déjà de l’intégrale des zones commerciales, ceinturés que
nous sommes, où que nous vivions, par de grandes chaînes d’une transparence
opaque.
Donc, si
c’est pour trouver des âmes aussi turbulentes que les nôtres, et qui abiment la
réalité, ce n’est plus la peine.
Heureusement,
il y a l’intérieur de la cervelle de ces cons d’hommes. Elle est plus belle que
leur extérieur, quand ils renoncent à manœuvrer en eau trouble et qu’ils se
contentent de s’enfoncer en eux-mêmes.
Cela
tombe à pic : aujourd’hui, les protubérances de nos cerveaux malades
suintent en permanence, grâce à la galaxie Internet. Celle-là, qui n’existe que
depuis une vingtaine d’années, on n’est pas prêts de l’épuiser.
Ainsi,
je pense que, s’il nous reste assez d’air, d’ici un siècle, on se penchera
volontiers, sur ces cimetières des éléphants que sont les sites et blogs
abandonnés, orphelins de commentaires, laissés à la jachère de l’indifférence.
Mélange de mots et d’images à la richesse insoupçonnée.
Et on se
dira : zut, j’ai raté cette cathédrale intérieure, sauf que maintenant je
peux prendre le temps de me balader dedans, ouvrant une nouvelle porte, à
chaque fois que je clique sur un mot ou sur une image, avant de tomber par les
trappes d’un logiciel, puis reprenant le jeu des poupées russes, chacune des
poupées ne ressemblant pas à sa grande sœur.
Même le
risque de Big Brother, qui cafte combien je peux rapporter de fric à une
société très privée, sera écarté. En effet, avec la poésie, il n’y a aucun
danger pour qu’il y ait quelque chose à gratter. Sur Internet comme ailleurs,
elle jouera le rôle d’un merveilleux éteignoir textuel.
Alors,
promis juré, si j’ai du temps à tuer, au lieu d’aller suer du gasoil dans les
aéroports, je pourrais visiter d’autres mondes étranges, en restant le cul
assis sur ma chaise.
P.M.
No comments:
Post a Comment