Notre visage n’est
jamais tout à fait le nôtre
mais aussi en large
part celui des autres
qu’ils traversent par
droit d’usage
vers eux-mêmes ou de
plus proches paysages
On voudrait qu’une fois
un regard s’attarde
plus longtemps que le temps d’aimer pour qu’il garde
quelque chose de nous
et nous prête vie
plus tard si nous en
avions perdu l’envie
Tu restes seul Il n’est
pas de pire déclassement
parmi les hommes que ce
renoncement au protocole
communément admis de
l’émerveillement
devant la beauté de la
vie et ses vestiges de nécropole
Tu pourrais partir et
rejoindre au loin cette île
pour qu’enfin l’eau se
montrât dans la transparence
de ces ciels plus
proches des plateaux de transhumance
où se disent aussi la
blancheur de la feuille et le désir inutile
Tu pourrais boire à
l’eau de cette rivière
sise au bord d’une
prairie à l’herbe si fluide
dans le vent que ton
corps devenu lui-même liquide
accepterait enfin de
creuser son lit dans la terre
Tu découvrirais
peut-être une nouvelle façon d’aimer
dans la belle de nuit
qui fuit l’étreinte de la lumière
et au baiser arraché
d’un soleil éreintant préfère
pour s’offrir toute la
distance de l’obscurité
Mais tu restes sachant
ce qui aura le dernier mot
et quel sera ce mot
noyauté de silence
et quel sera ton silence dans ce dernier soubresaut
de poisson dans l’œil
duquel entre tout un ciel immense
Mais tu attends
cependant qu’à l’ennui de la cime
ne répond seul en toi
que l’écho de l’abîme
Dressé sur la plaine
des hommes couchés
tu rejoins lentement le
reflet de ton horizontalité
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