Thursday, February 06, 2020

D'Arthur Fousse (extrait de T-B 83)


l’homme fou rêve du blanc.
    
malade,
fou,
je regardais
les murs,
   
il y avait
bien peu
de choses
dans ma vie. 

et dans
cette folie
étrange
où je ne pouvais
plus boire
sans que la chair
se dissolve
et hurle à sang,
je restais là
et regardais
les murs blancs,
ces inentamables
murs blancs qui
duraient
et drainaient
tout. 

le blanc
semblait
changer,
bouger, 

et dans mon délire,
je voyais
les rainures
du radiateur
coulisser
comme des pistons
comme des pythons
et enlacer les pleins
et les vides,
et faire le tour
du radiateur.

l’asile 
était toujours fermé. 

je restais là
et dehors,
la neige tombait.
 
la mue d’un sommeil
éternel tombait,
le duvet céleste tombait,
et ces petites gouttes
de ciel cotonneux
et de nuage
fané
dansaient
dans le vide
de l’air.

je pensais
à d’étranges indolences,
 
je ne comprenais rien,
  
je…sentais…un tel vide prégnant
qu’il avait pris la place du monde,
et à peine si j’éprouvais
à quel point le monde était consistant
tout comme la réalité.
 
mais je regardais
cette neige tomber,
incessante,

je la regardais
et c’était calme ; 

c’était comme regarder sa vie de
l’autre côté de la mort

dans un repos infirme,
 
dans un mutisme profond
  
duquel les lèvres du jour
  
ne s’ouvriraient jamais.
 
je me taisais
et je prenais les médicaments,
 
et un jour un type  a dit, 
cette neige
de quoi est-elle l’usure ? 

je n’en savais rien ;
  
mais le ciel
s’émiettait
 
et dans ce sablier
éternel et blanc
sans retour
  
nous nous taisions.

le blanc des murs
était toute
notre existence,
 
nous étions
une faillite.

mais dans ce silence
étrange 

nous nous taisions
et pensions à nos vies
que la neige
rendait plus lointaines
que tout
et plus belles que jamais,
là dans l’infirmité de notre présent
et l’éternité de tout ce blanc
qui tombe
et tuait tout.


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