Monday, September 19, 2005

Traction-brabant 107

 
La ligne éditoriale. Voici longtemps qu’elle me taraude, celle-là. Cependant, rien à faire : je ne m’y habitue pas ! Car cela ne me semble pas significatif pour la publication d’un texte. Et surtout, je trouve qu’il y a beaucoup d’hypocrisie là-dedans. Bien sûr, la ligne éditoriale fait vendre. Il est plus facile de fidéliser des clients quand des choix identiques sont reconduits par les éditeurs : de quoi se demander si la nullité ne disparaîtrait pas derrière la répétition ?...

Tandis que sans fil conducteur apparent, les pistes sont brouillées. Nos lecteurs ne savent pas, lors de chaque nouvelle parution, sur quel pied danser. À chaque fois, il faut recommencer de les séduire.

Hélas, je suis persuadé que, derrière le primat accordé à une sélection drastique, se cache l’étroitesse d‘esprit d’un éditeur qui n’aime, en fin de compte, qu’un style unique.

S’il avoue ne pas apprécier grand-chose de la production pléthorique actuelle, donnant ainsi dans l’élitisme, le voilà qui se place d’emblée au-dessus de la mêlée, tel un juge arbitre du présent. Du coup, son voisin, afin de ne pas être en reste, peut agir de manière équivalente et ne pas le concurrencer, grâce à une marotte aux antipodes de la sienne, autant valable ! Absurde !

À l’inverse, en aimant tout, on n’aimerait que l’usuel à la mode. Un tel manque de pouvoir sur les circonstances sied mal à un esprit brillant livré avec ses idées fixes, si possible accompagnées de préjugés obligatoires.

Bref, l’enthousiasme de l’amateur ne colle pas avec le sérieux d’une entreprise, ou bien l’éditeur effectue du négoce de livres comme s’il s’agissait d’autos en miniature !

Enfin, à y regarder de plus près, l’objet d’une passion serait difficile à définir, se résumant vite à des formules formalistes (« travail sur le langage ») ou pseudo-libertaires (« je publie ce que je veux »). Ainsi, à l’arrivée, derrière la ligne éditoriale émerge… sa pauvreté.

Pour ma part, au Citron Gare, je m’efforce d’éditer, depuis une dizaine d’années, non pas celles et ceux qui écrivent de telle ou telle manière, mais qui écrivent bien, programme plus ambitieux.

Quant à « Traction-brabant », pour ses vingt ans d’existence, j’aimerais continuer à dénicher de nouveaux talents, m’excusant par avance, auprès de certains(e)s, de la modestie de mes ambitions !     

P.M.

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