Tuesday, November 13, 2018

Traction-brabant 82


Je mesure la distance qui me sépare des premières années de « Traction-brabant », lorsque j’observe la place que tient aujourd’hui une revue papier par rapport à un webzine.
Comme il fallait s’en douter, depuis 2004, les publications sur Internet se sont banalisées. Bien que de nouvelles revues papier se créent encore en 2018, s’agissant plus particulièrement de celles qui publient de la poésie, j’ai l’impression que leur nombre total a fléchi durant ces cinq dernières années. Le plus drôle est que la plupart des revues Internet ne sont pas plus perfectionnées qu’il y a 10 ou 15 ans. Ainsi, avec un simple « blogspot », on peut créer un webzine qui soit lisible, sans se sentir obligé d’imiter un livre ouvert.
Si livre apparent il y a, sur Internet, c’est surtout par l’énoncé des chapitres sur un même plan. Au-delà de cette apparence, les liens à suivre permettent d’aller à l’intérieur d’un chapitre et remplacent l’épaisseur du livre.
Bref, une revue sur Internet est aujourd’hui tellement quelconque que certaines personnes en oublient les différences la distinguant d’une revue papier. Et là, ça sent le foutage de gueule à plein nez. Car elles sautent pourtant aux yeux du premier lecteur venu, les différences ! Il y a d’abord le contact matériel avec le papier, un support à se mettre entre les mains. Il y a ensuite, pour le revuiste, la gestion des envois par la Poste, celle des abonnements et du coup, l’obligation d’avoir un nombre minimum de lecteurs pour que la perte pécuniaire ne soit pas totale.
Alors que rien de tel avec un webzine, cessez de faire semblant d’ignorer votre moindre responsabilité dans la gestion de ce type de publication.
Les différences ne s’arrêtent pourtant pas là. Il n’est guère contestable que la lecture (comme l’écriture) sur écran n’est pas de même nature que celle sur papier. Est-elle meilleure, est-elle plus mauvaise ? Je privilégierais plutôt cette dernière hypothèse, puisque le contact immatériel avec un webzine s’illustre par un survol en hélico d’une page plus étendue qu’un champ de maïs.
Sinon, une fois ces différences mises en exergue, à partir du moment où l’on n’envisage pas de comparer ce qui n’est pas comparable, je n’ai rien contre les publications sur Internet. La preuve, c’est que j’anime 4 blogs, en plus de « Traction-brabant ». Il m’arrive aussi de publier dans les webzines. Faut-il les nommer ainsi, d’ailleurs ? N’est-ce pas trop dépréciatif, pas assez noble ? J’ai peur de commettre un impair de plus dans le monde si peu naturel des lettres. Enfin, contre toute attente, on peut être sans Internet, tout en étant avec.

P.M.

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